Pictet Wealth Management partage son analyse sur l’impact des récentes décisions des banques centrales

Ecrit par Frederik Ducrozet, Responsable de la recherche macroénomique, Pictet Wealth Management

Les annonces faites cette semaine par les principales banques centrales engendre des réactions qui divergent de nos attentes initiales, les préoccupations liées à l’inflation l’emportant sur la sensibilité aux données de croissance et aux conditions financières. Nous ajustons nos prévisions de taux directeurs en conséquence.


Réserve fédérale

Nous nous attendons maintenant à ce que la Fed augmente ses taux de 50 points de base en juillet, puis de 25 points de base à chacune de ses réunions suivantes (septembre, novembre et décembre). Il est possible que la Fed opère un resserrement plus important que prévu dans ce scénario actualisé (par exemple, elle pourrait opter pour une nouvelle hausse de 75 points de base en juillet, suivie de hausses de 50 points de base à chaque réunion). Les prix à la consommation (et en particulier les prix des denrées alimentaires et des carburants), la croissance des salaires et les anticipations d’inflation (y compris les anticipations d’inflation des consommateurs contenues dans l’enquête de l’Université du Michigan) seront tous essentiels à surveiller. Nous prévoyons que la hausse de l’indice global des prix à la consommation (IPC) se stabilisera prochainement à 8,0-8,5 % en glissement annuel (glissement annuel) avant de se rapprocher de 5 % d’ici la fin de l’année. Nous prévoyons que l’inflation de base des dépenses personnelles des consommateurs (PCE) (l’indicateur d’inflation préféré de la Fed) sera proche de 4 % à la fin de 2022.


Banque centrale européenne

La BCE semble prête à annoncer un nouvel outil  » anti-fragmentation  » lors de sa réunion de juillet, ce qui pourrait ouvrir la voie à une accélération du resserrement monétaire, notamment en raison de l’inflation persistante. Nous pensons que la BCE augmentera son taux de 25 points de base en juillet, de 50 points de base en septembre, de 50 points de base en octobre, puis de 25 points de base en décembre, février et mars, ce qui portera le taux final à 1,5 % au premier trimestre 2023. Nous nous attendons ensuite à ce que la BCE marque une pause en raison de la faiblesse de la croissance et de l’inflation en 2023. Les récents mouvements des prix du pétrole et la surprise à la hausse de l’inflation globale en mai nous amènent à réviser nos prévisions d’inflation pour la zone euro, en prévoyant un pic de la hausse des prix à la fin du troisième trimestre. Plus important encore, nous prévoyons désormais que l’inflation sous-jacente dépassera les 4 % avant de se tasser quelque peu au quatrième trimestre. Dans l’ensemble, nous pensons qu’il est possible que les hausses de taux soient plus importantes à court terme (avec une chance infime d’une hausse de 50 points de base du taux de dépôt en juillet), mais aussi que la campagne de hausse des taux de la BCE s’arrête plus tôt que prévu.


Banque du Japon

La probabilité d’un ajustement de la politique d’assouplissement monétaire de la BoJ au cours des prochains mois augmente. Un changement possible pourrait consister à déplacer le point d’ancrage de son contrôle de la courbe des rendements vers une échéance plus courte (par exemple, passer de la fixation du rendement des JGB à 10 ans à celle du rendement à 5 ans, permettant ainsi aux rendements à long terme d’augmenter). Une autre option à court terme serait d’intervenir directement sur le marché des changes. Cette décision reviendrait au ministère des finances, mais elle serait mise en œuvre par la BoJ. Bien que le calendrier de ces interventions soit difficile à prévoir, il est probable que les avertissements verbaux devront être beaucoup plus fréquents et urgents avant qu’une action réelle ne soit entreprise.


Banque d’Angleterre

Nous relevons nos prévisions pour le taux de référence de la BOE, qui devrait désormais culminer à 2,0 % d’ici novembre 2022. Après la hausse de 25 points de base du taux d’escompte le 16 juin, cela signifie des hausses de taux supplémentaires de 25 points de base lors de chacune des trois prochaines réunions de la BOE. Toutefois, compte tenu du contexte de croissance difficile auquel est confrontée l’économie britannique, le taux d’escompte pourrait atteindre un plateau plus tôt.


Banque Nationale Suisse

Après avoir relevé son taux directeur de 50 points de base pour le porter à -0,25 % le 16 juin, la BNS devrait le relever de 50 points de base supplémentaires en septembre, puis de 25 points de base à chaque réunion trimestrielle jusqu’en mars 2023 au moins, pour le porter à +0,75 % au moins. Les risques sont orientés vers des mouvements plus audacieux, en fonction du taux de change et des actions politiques des autres banques centrales.


Prix du pétrole

L’offre de pétrole russe étant absente de l’équation et la demande américaine étant forte, les tensions sur le marché pétrolier de l’hémisphère nord devraient persister pendant l’été. Deux forces opposées vont largement déterminer la demande mondiale de pétrole. D’une part, les économies occidentales devraient ralentir au second semestre en raison du choc énergétique et du resserrement des conditions financières. D’autre part, la Chine rouvre ses portes après de longues périodes de fermeture, ce qui pourrait stimuler la demande de matières premières. Tout bien considéré, nous avons décidé de relever nos prévisions pour les prix du Brent, qui devraient désormais se maintenir entre 120 et 130 USD le baril pendant l’été. Nous nous attendons ensuite à ce que les prix s’établissent à 110 USD d’ici la fin de l’année (par rapport à notre prévision précédente de 95 USD).

Au début du mois, L’Expert Invest avait annoncé la nomination Frédérick Ducrozet au poste de responsable de la recherche macroéconomique. Lire l’article à ce sujet

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