Philippe Naegeli, CEO, GenTwo: «Les actifs numériques sont là pour durer»

Dans un entretien accordé au magasine Sphere, Philippe Naegeli, co-fondateur de GenTwo fait le point sur le développement et l’utilisation des actifs numériques par les professionnels de la gestion d’actifs.

Les actifs numériques sont devenus une classe d’actifs à part entière. Outre les cryptomonnaies comme le bitcoin ou l’ethereum, ils regroupent également des «tokens» et bien d’autres titres dématérialisés. La finance décentralisée – DeFi pour les intimes – est le maître-mot. Selon Philippe Naegeli, spécialiste du genre, les investisseurs privés forment encore l’essentiel de la demande. Les infrastructures doivent évoluer pour que les gestionnaires d’actifs puissent investir à grande échelle.

Les banques centrales ont annoncé les premiers relèvements de taux. Est-ce la fin de l’engouement pour les actifs numériques?
Philippe Naegeli: Certainement pas. Je suis convaincu que les actifs numériques sont là pour durer. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène dû à l’environnement de taux bas, mais du résultat de nouveaux «use cases» en grand nombre. Ils sont l’expression d’une nouvelle technologie, de nouvelles chaînes de création de valeur et de nouveaux modèles d’affaires. La valeur ajoutée qu’ils génèrent dans de nombreux secteurs d’activité profitera aussi durablement aux investisseurs. Nous n’en sommes qu’au tout début. L’avenir nous dira quels secteurs parviendront à s’imposer.

Cela nous rappelle l’époque où Internet est né.
Tout à fait. Au début, on a assisté à la naissance de sites parfois absurdes, mais très populaires. Le temps a ensuite fait son œuvre et de grands acteurs se sont imposés. Et ce sera également le cas dans le secteur des actifs numériques.

Quel rôle joue le métavers, qui est notamment encouragé par Meta, anciennement Facebook?
Les actifs numériques y joueront un rôle central. Il est déjà possible aujourd’hui d’acheter des immeubles virtuels.

D’où provient la demande? De clients privés ou institutionnels?
A l’origine, le marché est né sur le segment de la clientèle privée. Les institutionnels ne cherchent à investir dans la classe d’actifs que depuis peu d’années.

Pourquoi?
Tout simplement parce que les infrastructures permettant d’acheminer les capitaux institutionnels dans le système financier n’existaient pas. Il n’y a pas si longtemps encore, les gestionnaires d’actifs ou les banques avaient toutes les peines du monde à accéder aux «wallets» et à les gérer comme il se doit.

Quels rôles les actifs numériques joueront-ils dans les portefeuilles institutionnels de demain?
Les actifs numériques offrent des opportunités de rendement intéressantes dans un environnement de taux bas. Naturellement, il faut aussi disposer de la capacité et de la propension au risque nécessaires. Cela mis à part, les placements numériques améliorent la diversification. Ils permettent de construire un portefeuille de placements moderne, équilibré et globalement plus performant.

Les portefeuilles de demain n’auront donc rien à avoir avec ce que l’on apprenait en cours de finance il y a encore quelques années?
Non. Pensez aux actions qui ont désormais des caractéristiques similaires à celles des obligations.

Mais les risques liés aux actifs numériques restent-ils les mêmes?
Les opportunités et les risques restent supérieurs à la moyenne. Les investisseurs qui savent gérer le risque de perte élevé peuvent profiter d’opportunités de gains intéressantes. Leur confiance se renforcera à mesure que les possibilités d’investissement augmenteront. La réglementation de ce secteur encore jeune et le développement des infrastructures devraient permettre au marché de se stabiliser. Il deviendra alors plus simple d’évaluer et de gérer les risques.

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