L’Interview Tête-à-Tête avec Pascal Botteron

Découvrez le parcours de Pascal Botteron, de l’enseignement universitaire à la pointe de l’innovation en allocation d’actifs chez Cité Gestion. Dans cet entretien exclusif, il nous raconte les moments clés de sa carrière, guidés par sa passion pour le développement durable, ancrée dans son enfance à la campagne. Le responsable des investissements de Cité Gestion Private Bank nous plonge dans son monde, où conviction, créativité et pragmatisme se rencontrent pour repenser l’investissement durable. Entre souvenirs professionnels marquants et réflexions personnelles, il dévoile les clés de sa réussite et ses perspectives pour l’avenir de la banque privée. Un voyage professionnel et personnel à ne pas manquer.


Pouvez-vous nous décrire les éléments marquants de votre parcours ?

Pascal Botteron: Ma carrière s’est principalement déroulée chez Deutsche Bank et auparavant j’étais professeur d’université où j’ai enseigné notamment à HEC Lausanne, Thunderbird et HEC Paris, où j’enseignais les options dérivées et la valorisation des sociétés.

En 2018, j’ai franchi un cap en créant une société d’Asset Management axée sur l’ESG en Suisse, qui a survécu à la crise du COVID et à d’autres turbulences. Avec la création de Green Blue Invest, ma volonté était de retourner à mes racines. Ayant grandi à la campagne, l’ESG résonnait avec moi et j’ai voulu lié ces fondamentaux avec des politiques d’investissement génératrices de surperformance. Cela a été un succès et j’ai pu réaliser une transition réussie vers Cité Gestion, où il y a une compréhension mutuelle. J’apprécie beaucoup les associés chez Cité pour leur approche de la gouvernance, que je considère comme un levier essentiel pour changer le monde, bien plus que les multiples métriques de durabilité que nous pouvons voir dans le marché.

Ce qui compte pour moi, c’est de faire ce qui me passionne.

Chez Cité Gestion, ma responsabilité principale est la direction de nos produits. Nous disposons d’une architecture ouverte de fonds, et nous avons une équipe dédiée au trading de produits structurés. Nous disposons également d’un desk advisory robuste qui gère des comptes clients avec une approche ouverte et des lignes de produits structurés.

Ce qui compte pour moi, c’est de faire ce qui me passionne, et je trouve fascinant de sélectionner et de gérer des produits dans toutes les classes d’actifs disponibles.


Vous considérez-vous comme quelqu’un de : A/ pragmatique ou B/ créatif ?

P.B.: Les deux, sans hésitation. La créativité est essentielle pour apporter de nouvelles idées, ce qui est particulièrement important pour nos initiatives ESG. Nous mentionnons dans notre argumentaire marketing que nous disposons d’une « fabrique d’innovation ». Innover est crucial.

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Cependant, il est tout aussi nécessaire d’être pragmatique, surtout lorsqu’il s’agit de sélectionner des fonds et plus largement des investissements. Nous avons des garde-fous et des principes de base que nous ne franchissons pas, surtout en matière de durabilité. Donc, le pragmatisme est de rigueur. Et si nous percevons le moindre avertissement, le moindre doute, nous n’avançons pas.


Dans vos loisirs, êtes-vous plutôt : A/ sportif ou B/artistique ?

P.B.: Je suis convaincu de l’importance de vivre en harmonie avec la nature et de retrouver nos racines ancestrales qui sont la source de notre fondement originel. Cette connexion peut être retrouvée par le sport ou, plus simplement, en prenant le temps de faire des promenades apaisantes avec nos proches, notamment avec mes trois enfants à qui j’accorde beaucoup de temps. 

Je suis convaincu de l’importance de vivre en harmonie avec la nature et de retrouver nos racines ancestrales.

Une ballade tranquille est donc idéale, notamment avec mon chien qui apprécie autant ces moments que moi. Ces instants apportent également un contrepoint essentiel à l’agitation et à la connectivité constantes de notre environnement professionnel.


Vous considérez-vous plutôt comme : A/ voyageur ou B/ casanier ?

P.B.: Même si je reste souvent à la maison, je ne me considérerais pas vraiment comme un casanier. C’est important de prendre le temps de se reposer et de se ressourcer de temps en temps. Cependant, voyager est essentiel pour s’enrichir.

Par exemple, mon dernier voyage était au Japon, un pays que je connaissais d’un point de vue professionnel, mais mes enfants souhaitaient vivement le découvrir. C’était également pertinent pour moi, car nous nous posions des questions sur l’intérêt d’augmenter nos investissements au Japon. Ce voyage était une richesse sur plusieurs niveaux : il a fait plaisir à mes enfants, passionnés de mangas, et il m’a offert l’opportunité d’observer de près la société et l’industrie locales. C’était particulièrement instructif de constater la pénurie de main-d’œuvre, un indicateur des dynamiques en cours au Japon.

Ce voyage a été une immersion totale, une chance de rencontrer des gérants que nous n’aurions pas pu rencontrer autrement.


Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

P.B.: La richesse la plus précieuse que j’ai amassée au fil du temps est incontestablement les rencontres que j’ai faites. Chez Deutsche Bank, la diversité culturelle de notre équipe, forte d’une vingtaine de nationalités, constituait une expérience d’une richesse extraordinaire.

Un autre événement marquant de ma carrière fut la traversée de la crise financière de 2008 comme responsable des hedge funds à la banque privée de Deutsche Bank. Cette période condense, en quelques jours ou semaines, une densité d’expériences professionnelles aussi intense qu’enrichissante, qui se vit normalement sur toute une vie. Londres, avant la crise, où il fallait patienter trois semaines pour une réservation au restaurant, et l’immédiat après-crise, où les tables étaient disponibles sans attente, illustrent le bouleversement stupéfiant de cette époque.

Ce fut un temps d’efforts intenses et de rencontres exceptionnelles avec des individus aux parcours uniques, une opportunité d’enrichissement personnel et professionnel inestimable.

Avoir agi avec intégrité est une réelle satisfaction qui finit toujours par nous donner raison dans le temps.

Lorsqu’on me demande ce que j’ai retiré de ces expériences, je cite l’intégrité. Elle récompense toujours ceux qui la pratiquent, surtout dans les moments critiques. A titre d’exemple, notre décision de ne pas investir avec Madoff, qui a provoqué des pertes de clients en 2005 et 2006, s’est révélée être un immense avantage en 2008.

Cette situation, si rare dans une carrière, démontre que malgré les désastres qu’elle peut provoquer, avoir agi avec intégrité est une réelle satisfaction qui finit toujours par nous donner raison dans le temps.

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