L’ACA nomme son nouveau président

Au terme de deux années de mandat, Marc Lauer, CEO du groupe Foyer, quitte la présidence de l’Aca, qui revient ce 24 mars à Christian Gibot, CEO de Cardif Lux Vie, la filiale luxembourgeoise d’assurance du Groupe BNP Paribas. Ils livrent au magasine Paperjam leur analyse et leurs perspectives sur le marché de l’assurance.

Parle-t-on d’élections ou de désignation de présidence au sein de l’Aca?

Marc Lauer . – «L’Aca a une très vieille tradition qui remonte à sa création il y a 66 ans. Elle a été créée par trois organismes: La Luxembourgeoise, Foyer et le Syndicat des compagnies étrangères. Depuis lors, il y a toujours eu un roulement de présidence entre ces trois organismes. Christian Gibot est un président proposé par le Syndicat, comme c’est le cas tous les quatre ans, et qu

i doit être élu par les membres lors de l’assemblée générale.

Christian Gibot . – «La notion de continuité va au-delà des présidents. Car eux sont là pour servir l’association et l’Aca existe pour servir ses membres. Les ambitions restent communes, car elles ont été fixées avec un conseil d’administration qui regroupe toutes les sensibilités et les acteurs du secteur.

Cette fois, le président n’est ni un Luxembourgeois ni l’une des majors de la Place. Quel message l’Aca veut-elle envoyer?

C.G. –«Cette alternance traduit l’unité de l’Aca, y compris dans sa diversité, avec quatre familles de métiers représentées. Ma mission s’inscrit dans la poursuite et la consolidation du travail mené ces dernières années. Je veux rester le garant de cette unité en étant l’ambassadeur de notre pluralité.

Ces deux dernières années ont été marquées par des épisodes inédits pour les assureurs: la pandémie et les catastrophes climatiques. Pourtant, le secteur affiche des croissances record. Comment expliquez-vous ce phénomène?

C.G. –«En 2021, les bons résultats du secteur s’expliquent par un effet de rattrapage au niveau des encaissements (qui étaient plus bas en 2020) et une revalorisation des marchés financiers. Cette croissance sert à financer les investissements stratégiques des acteurs afin, par exemple, de fluidifier les parcours des clients. Par ailleurs, si les assureurs non-vie et les réassureurs ont pu prendre en charge des sinistralités exceptionnelles ces dernières années, c’est parce qu’ils avaient pu constituer des réserves. Il faut garder à l’esprit que l’assurance est régie par le principe de mutualisation, dans le temps et entre individus.

M.L. – «C’est toujours bien de prendre une photo, mais c’est beaucoup plus intéressant de regarder le film. La capacité bénéficiaire du secteur financier de la Place a permis de passer la crise sanitaire sans trop de dommages, mais aujourd’hui, la guerre en Russie et l’inflation laissent à penser qu’il y aura encore des défis à relever pour le secteur en 2022 et 2023.

Justement, ces investissements basés sur les bénéfices exceptionnels des compagnies ne sont-ils pas une occasion à saisir pour faire de l’assurance le secteur exemplaire en matière de finance durable?

M.L. – «Au sein de l’Aca, les entreprises membres, même si elles travaillent sur des marchés identiques, sont d’abord concurrentes. On parle de 250 à 300 milliards d’euros d’engagements contractuels vis-à-vis des clients. Mais l’environnement de taux bas et de concurrence internationale fait que les marges sont sous pression. L’ESG est pour chacun un moyen de se différencier parmi d’autres, notamment via les labels Luxflag . L’Aca peut sensibiliser et former, notamment sur les futures réglementations Solvency II et ESG, mais c’est à chaque compagnie que revient la décision de s’engager davantage.

C.G. – «On ne peut pas être prescriptifs en la matière, car on entrerait dans la gouvernance des groupes et c’est la ligne rouge à ne pas franchir. Néanmoins, nous pouvons travailler sur la mise en œuvre des futures directives ou sur des standards de reporting communs.

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