James Mazeau, Economiste, UBS Wealth Management: « Privilégier une stratégie de couverture et une exposition ciblée aux actions »

La prévision médiane des membres du Comité de la politique monétaire de la Fed (FOMC) est désormais de sept relèvements cette année. S’y ajoutent trois de plus l’an prochain, auquel cas les taux seraient supérieurs à leur niveau neutre.

Les annonces à l’issue de la réunion dénotent un regain d’orthodoxie plus marqué que prévu. Mais cela n’a pas empêché le S&P 500 de terminer la séance en hausse de 2,2% ce jour-là. Le rebond s’est poursuivi et l’indice a achevé la semaine en question en hausse de 6,2%. Selon la Recherche d’UBS, cela ne semble pas aberrant. Explications.

LE REDRESSEMENT DE L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE

La Fed a retrouvé une crédibilité en matière de lutte contre l’inflation (les anticipations d’inflation ont chuté par la suite) et son président, Jerome Powell, a affirmé que l’économie américaine est suffisamment forte pour supporter des taux d’intérêt plus élevés. Le graphique «dot plot» (graphique des anticipations de l’évolution des taux) correspond désormais aux anticipations du marché pour 2022. Jerome Powell a également souligné à plusieurs reprises la détermination de la Fed à assurer un retour à la stabilité des prix.

Dans un premier temps, les marchés ont semblé saluer la volonté de la Fed de ne plus être en retard sur le cycle économique. Le taux des swaps d’inflation à cinq ans dans cinq ans, un indicateur fondé sur le marché des anticipations d’inflation à plus long terme, est tombé de 2,65% à 2,51% après la décision de la Fed. Le FOMC a également souligné la bonne tenue de l’économie, avec des indicateurs qui continuent de se redresser. Jerome Powell a estimé que le marché de l’emploi était extrêmement tendu.En général, la performance des actions est positive lors des premières phases d’un cycle de relèvement des taux directeurs.

PAS DE RÉCESSION IMMINENTE

Un aplatissement des courbes des rendements ne veut pas dire que les marchés s’attendent à une récession imminente. Le marché obligataire suggère un ralentissement de la croissance, ainsi qu’une accentuation du risque de récession, avec une brève inversion de la courbe des rendements des bons du Trésor américain pour les échéances allant de cinq à dix ans. Les participants au marché entrevoient désormais des baisses de taux en 2024.

Toutes les récessions survenues depuis septante ans ont été précédées d’une inversion de la courbe des rendements dans le segment deux à dix ans. Le différentiel de rendement entre ces deux échéances est tombé à 20 points de base (pb), contre 90 pb en début d’année. Il est encore positif et il augmentera certainement légèrement.

Par le passé, même lorsqu’une inversion a effectivement été suivie d’une récession, le délai entre ces deux événements était long et variable. En moyenne, les récessions sont intervenues 21 mois après l’inversion, avec un intervalle de 9 à 34 mois. Depuis 1965, le S&P 500 a rapporté en moyenne 8% lors des douze mois qui suivent une inversion de la courbe des rendements dans le segment deux à dix ans.

LE REBOND DES ACTIONS

En général, la performance des actions est positive lors des premières phases d’un cycle de relèvement des taux directeurs. Depuis 1983, le S&P 500 a rapporté en moyenne 5,3% lors des six mois qui suivent le premier relèvement des taux de la Fed.

Le principal objectif de la Fed reste d’orchestrer un atterrissage en douceur de l’économie. Alors que l’inflation flirte avec les 8% en glissement annuel, la Fed se concentre logiquement sur la stabilité des prix. Cependant, le plein-emploi pourrait redevenir sa priorité si , comme on peut le prévoir, l’inflation amorce une décrue et si l’économie donne des signes de faiblesse.

RESTER INVESTI

Il est donc conseillé aux investisseurs de se préparer à la hausse des taux tout en restant présents sur les marchés d’actions. Plutôt que de délaisser les actifs risqués, les investisseurs seraient bien avisés de privilégier une stratégie de couverture et une exposition ciblée aux actions.

Les actions du secteur de l’énergie sont un bon moyen de se couvrir contre les risques inhérents à la guerre en Ukraine. De leur côté, les valeurs financières et les valeurs décotées ont tendance à surperformer lorsque les taux d’intérêt augmentent.

Source : allnews

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