Comment le « Swiss Finish » s’adapte-t-il face aux défis du secteur bancaire ?

Dans cette interview, Claude Suter, responsable des tiers gérants au sein de la Banque Bonhôte, partage sa vision sur l’évolution du secteur bancaire privé suisse dans un contexte marqué par des défis importants. Abordant la crise de Credit Suisse et ses répercussions, le responsable met en exergue la valeur ajoutée de la sécurité et de la qualité suisses dans le domaine bancaire. Il souligne également l’engagement de la Banque Bonhôte envers une finance plus durable et éthique, notamment illustré par leur certification B Corp. Cette conversation éclaire sur les stratégies adoptées par la Banque Bonhôte pour rester à la pointe de la sécurité, de la durabilité et de l’innovation, afin de mieux servir ses clients dans un environnement financier dynamique et de plus en plus numérisé.


Quelles sont les principales tendances que vous observez actuellement dans la banque privée en Suisse ?

Claude Suter: Il est clair que la conjoncture politique et géopolitique mondiale, ainsi que la crise du COVID-19, ont renforcé la perception de la sécurité et la qualité des services bancaires suisses parmi notre clientèle internationale. Le « Swiss finish » demeure un gage de qualité supérieur reconnu à l’échelle mondiale.

Toutefois, comme l’a illustré l’exemple de Crédit Suisse l’an dernier la confiance, patiemment construite sur des années, peut être fragile. L’incident a secoué le secteur surtout à l’international. Cela a interpellé les clients privés, soulignant qu’une banque de cette taille pourrait s’effondrer en un week-end.

« Le « Swiss finish » demeure un gage de qualité supérieur reconnu à l’échelle mondiale »

Il est essentiel de montrer en quoi les établissements spécialisés en gestion de fortune privée comme la banque Bonhôte, font la différence, en continuant d’offrir des services haut de gamme avec une sécurité de niveau supérieur, caractéristiques des banques suisses.


Comment analysez-vous l’évolution des régulations financières et de la finance durable ?

C.S.: Les régulations financières, souvent instaurées en réponse aux crises passées, se heurtent à la réalité changeante de la finance contemporaine. La LEFin et la LSFin, lois suisses instaurées en réaction aux manquements de la crise de 2008, illustrent ce décalage en renforçant la bureaucratie sans toujours garantir une protection adéquate.

Parallèlement, l’émergence de la finance durable, notamment illustrée par la Banque Bonhôte avec la certification B Corp, suggère que les progrès significatifs dans ce domaine sont souvent le fruit d’initiatives civiles plutôt que de directives réglementaires. Ce mouvement, renforcé par l’impulsion des jeunes générations pendant la crise sanitaire, entraîne une réflexion approfondie et l’adoption de pratiques éthiques au sein des institutions financières.


Comment cela se traduit concrètement au sein de la Banque Bonhôte ?

C.S.: D’une part il y a notre approche « corporate ». Notre initiative Green Challenge illustre particulièrement notre engagement à réduire notre empreinte carbone au quotidien, avec des actions spécifiques apportées au bâtiment, à la moblité, et aux conditions de travail avec la promotion de l’équité de genre et d’âge dans les recrutements. Nous avons d’ailleurs obtenu la certification Fair-ON-Pay, qui vient compléter le label B Corp.

« Un effort d’éducation financière est donc déployé pour démontrer que l’investissement responsable peut aller de pair avec de bons rendements financiers »

D’autre part, sur le plan des investissements, la banque privilégie des mandats socialement responsables et des fonds ESG, et ce, malgré le scepticisme de certains clients quant à la performance. Un effort d’éducation financière est donc déployé pour démontrer que l’investissement responsable peut aller de pair avec de bons rendements financiers, déconstruisant ainsi les idées reçues sur l’impact négatif présumé des critères ESG sur la performance.


Comment la Banque Bonhôte s’adapte aux besoins uniques des gérants de fortune indépendants ?

C.S.: La banque se distingue par un service personnalisé et de qualité supérieure dédié aux gérants indépendants, une pratique autrefois répandue mais devenue rare dans le secteur.

En tant qu’ancien gérant indépendant, j’ai une compréhension approfondie de leurs besoins, facilitant une communication directe et efficace, et permettant de fournir un service exceptionnel.

« Nous observons une consolidation du secteur vers des structures plus grandes, plus aptes à mutualiser les coûts »

Nous allégeons le fardeau des gérants indépendants en anticipant leurs besoins, notamment en réponse aux nouvelles régulations en Suisse. Nous gérons actuellement une trentaine de gérants indépendants et observons une consolidation du secteur vers des structures plus grandes, plus aptes à mutualiser les coûts.

Notre force réside dans notre capacité à nous démarquer dans des régions moins saturées comme la Romandie, grâce à nos racines neuchâteloises.


Comment assurez-vous la qualité de votre suivi client ?

C.S.: La pérennité de la relation client est fondamentale dans le secteur bancaire, et notre institution l’incarne depuis sa fondation en 1815. L’engagement durable de notre personnel se manifeste par un faible taux de rotation, assurant une continuité et une connaissance approfondie des besoins des clients.

A NE PAS MANQUER
L’interview tête-à-tête avec Claude Suter

Cela est particulièrement vrai pour les gérants indépendants, pour lesquels nous avons développé des offres sur mesure. Nos collaborateurs, grâce à leur longévité au sein de l’établissement, maîtrisent les complexités des services bancaires et des réglementations spécifiques à différents pays.

Cette expertise nous permet d’être un partenaire bancaire fiable capable d’accueillir des clients internationaux dans un contexte où d’autres réduisent leur portée géographique. La banque s’adapte aux évolutions du secteur pour offrir des services personnalisés et exhaustifs, reflétant notre volonté d’innover et de rester compétitifs dans un environnement financier en constante évolution.


Quelle place prend le digital au sein de votre relation client ?

C.S.: La digitalisation induit des changements notables dans le domaine bancaire, en introduisant une compétition accrue par l’émergence de nouveaux acteurs. Malgré l’attrait de la digitalisation pour certains clients, la gestion de fortune privée conserve un besoin crucial pour l’interaction humaine, surtout pour des questions financières personnelles et souvent émotionnelles.

« Notre objectif est de fournir des solutions qui allègent la charge de travail des gérants »

Toutefois, l’innovation technologique n’est pas négligée, car nous cherchons à améliorer continuellement nos services, comme l’e-banking pour faciliter la gestion des portefeuilles. La mise en place de plateformes intuitives est essentielle, notamment pour répondre aux exigences réglementaires récentes telles que la LSFin, qui nécessite de vérifier la conformité et la durabilité des investissements. Un outil permettant d’assurer l’adéquation des fonds avec le profil de chaque client est un plus indéniable qui simplifie les opérations au quotidien pour les gérants indépendants.

Notre objectif est de fournir des solutions qui allègent la charge de travail des gérants en leur offrant une interface e-banking efficace pour une gestion optimisée des fonds, tant au sein de notre banque qu’ailleurs.


Comment abordez-vous l’émergence de l’intelligence artificielle ?

C.S.: Nous avons constitué une équipe spécialisée dans la veille technologique, attentif aux avancées, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cette technologie est déjà en cours d’intégration dans nos opérations, et nous aspirons à élargir son application.


Claude Suter, Responsable du service des gérants indépendants, banque Bonhôte

Diplômé de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IUHEID) de Genève, Certified International Investment Analyst (CIIA) et Certified Wealth Management Advisor (CWMA). Gestionnaire de fortune et de fonds auprès de Lombard Odier, Bank of China et Bruellan SA. Il rejoint la banque Bonhôte en 2014 en tant que responsable du service des gérants indépendants.

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